Réponse sommaire :

Aucun système de réglementation ne prévoit d’exigence d’établissement d’un mécanisme d’action pour une toxine avant qu’une mesure réglementaire puisse être prise et aucune charge de preuve n’incombe aux scientifiques qui démontrent les effets toxiques pour établir un mécanisme avant la publication de leurs résultats. Ceci est déplorable car il peut falloir plusieurs décennies pour établir un mécanisme et parfois on ne trouve aucun mécanisme.


Réponse détaillée :

L’industrie invoque de plus en plus l’argument « aucun mécanisme connu » pour retarder une mesure de réglementation. Toutefois, aucun système de réglementation dans le monde ne prévoit d’exigence d’établissement d’un mécanisme d’action pour une toxine avant de pouvoir prendre une mesure réglementaire.

Si les autorités de réglementation devaient patienter jusqu’à ce qu’un mécanisme soit connu, cela paralyserait le système de réglementation. Il peut falloir plusieurs décennies avant d’établir un mécanisme et parfois on n’en trouve aucun. Les scientifiques ne comprennent toujours pas pleinement comment l’insecticide DDT affine les coques des œufs d’oiseau. Mais cet effet toxique est reconnu et le DDT a été restreint ou banni pour la plupart des applications dans beaucoup de pays.

Séralini a suggéré dans son document que les effets toxiques détectés dans ses expériences pourraient avoir été dus à un mécanisme hormonal. Le fait que des effets similaires aient été observés avec le maïs NK603 et Roundup pourrait s’expliquer par l’impact éventuel des deux substances sur les mêmes processus biochimiques.1

Par ailleurs, l’analyse par Séralini du maïs génétiquement modifié NK603 a révélé qu’il contenait des quantités considérablement réduites (16 à 53 %) de deux nutriments : les acides féruliques et caféiques. Ceci a amené Séralini à suggérer que cela pourrait entraîner une réduction de l’effet de protection offert par les acides féruliques et caféiques contre le développement d’un cancer. En outre, il y a des preuves suggérant que l’acide férulique en particulier pourrait modifier la fonction de l’hormone œstrogène dans les cellules de mammifère. Ainsi, un niveau inférieur d’acide férulique dans le régime contenant du maïs génétiquement modifié NK603 pourrait avoir un effet différent sur le système d’hormone œstrogène par rapport au régime de contrôle sans OGM.1

Comme l’a déclaré Séralini dans son document, plus de recherches sont nécessaires pour tester et voir si ces mécanismes suggérés sont corrects et, sinon, pour révéler des mécanismes alternatifs à travers lesquels les effets néfastes se produisent.

Séralini a été critiqué pour avoir avancé des hypothèses non prouvées qui pourraient expliquer ses résultats, mais ceci est rare pour des scientifiques qui observent un effet dont le mécanisme est encore inconnu. Dans certains cas, des études futures établissent le mécanisme. Dans d’autres cas, elles n’en établissent aucun.

Ce qui compte est que l’industrie ne doit pas avoir accès au marché avec des produits pour lesquels il a été découvert qu’ils ont des effets toxiques. Ils doivent être retirés. Si l’industrie souhaite ensuite trouver un mécanisme, libre à elle d’en rechercher un sans soumettre le public à des risques.


Références :

1.         Séralini GE, Clair E, Mesnage R, et al. Long term toxicity of a Roundup herbicide and a Roundup-tolerant genetically modified maize (toxicité à long terme d’un herbicide Roundup et d’un maïs génétiquement modifié pour tolérer le Roundup). Food and Chemical Toxicology. Novembre 2012; 50(11) : 4221-4231.

Source de criticisme :

Monsanto :

http://www.monsanto.com/products/Documents/ProductSafety/seralini-sept-2012-monsanto-comments.pdf