Cher éditeur,

La dernière étude publiée dans votre journal par Sérini et al. a donné lieu à beaucoup de controverse. Cela a résulté en des demandes de retrait de l’étude. Je refuse totalement ce type d’interférences selon le respect des protocoles scientifiques normaux et acceptés, et vous demande urgemment de mettre fin à ces pressions. Tolérer une telle pression contredirait l’expertise de vos relecteurs, qui ont accepté l’étude de Séralini et ont choisi de la publier. Tout retrait doit être justifié par une faute grave, telle qu’un acte de fraude ou une démonstration claire que l’étude ne respecte pas les normes scientifiques. Or, cela n’est pas le cas pour l’étude de Séralini.

Doug Gurian-Sherman, Docteur, senior scientist (chercheur principal), Union of Concerned Scientists, États-Unis (affiliation communiquée uniquement à but d’identification).

De manière générale, la méthodologie confirme les normes basiques de l’expérimentation biologique. Elle fait également de cette étude l’une des rares études menées sur le long terme et qui se base sur la culture génétiquement modifiée. Bien que certains résultats soient équivoques, par exemple le manque de statistiques en ce qui concerne les données tuméreuses, ceci étant courant dans la recherche. Il est incontestable que cette étude lance le débat public et ouvre la voie à de futures recherches.

Il ne s’agit pas d’un simple problème d’étude ou d’auteur, mais d’un exemple de ce que la communauté scientifique attend désormais, d’être mise au pas par les tenants d’un autre point de vue. J’ai constaté l’existence de cette pression depuis des années, et  je la trouve dangereuse pour les recherches scientifiques et la liberté d’expression.

Je vous demande d’adhérer aux normes fixées en 2007 par l’éditeur de Proceedings of the National Academy of Sciences (l’Académie Nationale des Sciences aux États-Unis), lorsqu’une situation similaire avait eu lieu, suite à la publication de l’étude de Rosi-Marshall et al. Les scientifiques avaient alors également sollicité l’éditeur qui en fait a pris la bonne décision, et a rejeté les demandes des protestataires.

Pour l’intégrité continue de la bonne démarche scientifique, je vous encourage fortement à rejeter les demandes de retrait de l’étude de Séralini.

Cordialement,

Doug Gurian-Sherman, Docteur, senior scientist (chercheur principal), Union of Concerned Scientists, États-Unis (affiliation communiquée uniquement à but d’identification).